Le Mandala est donc un précieux outil thérapeutique utilisé en art-thérapie comme un espace de recherche et d'expression personnelle. Quand on vit un conflit, le simple fait de dessiner un Mandala projette le conflit hors de nous-mêmes.
Pour que cet outil, ainsi que tout autre médiateur artistique soit réellement efficace, il doit être intégré à un processus d'évolution qui est la démarche propre de l'art-thérapie évolutive. Exprimer sont conflit, son émotion est une chose, mais la transformer pour en faire ressortir les qualités, les talents, en est une autre. Cette démarche est possible en faisant évoluer le Mandala, ou le dessin ou l'écriture...
Voici l'exemple d'une analyse symbolique détaillée d'un mandala qui a été transformé par son créateur, Bertille, après avoir repéré les parties disharmonieuses en lien avec ses propres zones d'ombre.
Le mandala 1 est très gai, très coloré ! L'image d'un bonbon enroulé dans un papier aux extrémités roses et au centre rayé bleu et gris apparaît. le bonbon représente la douceur.
Le rose est lié au féminin. Il y a d'ailleurs beaucoup de féminin (lignes courbes) dans ce mandala -excepté le centre. "Le rose est la couleur de la chair, de la matrice, du ventre originel. Il peut évoquer le processus d'incarnation, le passage de l'âme dans un corps de chair. Le rose symbolise la naissance, mais aussi la renaissance." Cette lecture peut s'appliquer aussi aux deux roses/tulipes - la rose est le symbole de l'âme.
Les deux extrémités du "bonbon" ont la forme d'une coupe, l'une tournée vers le ciel, l'autre vers la terre - il se trouve en connexion avec le ciel et la terre, principe du Tao. La tulipe ou la coupe est symbole du don, de l'amour.
Dates des prochains ateliers mandalas créatifs et évolutifs.
Les deux formes oranges ressemblent à des bras et les deux roses aux mains. Ils sont eux aussi, de par leur position, connectés au ciel et à la terre. Cet aspect est renforcé par les trois liens de couleurs bleu, jaune et rose foncé : la mère (le bleu), le père (le jaune) et la fille (rose) ; ce qui me fait penser à la trinité : le Père, le fils et le Saint-Esprit (peut être assimilé à la Mère). Le bleu ici est très foncé : voir symbolique ci-dessous.
Les cercles jaunes m'évoquent des deniers, donc des trésors, une richesse intérieure. Le jaune évoque aussi la lumière, la chaleur et l'énergie solaire qui donne la vie
Il est donc question dans ce mandala de douceur, de lumière, d'équilibre et de lien entre le ciel et la terre.
Seul le centre casse cette harmonie. Dans un mandala le centre représente le soi. Il est rayé, hachuré. La définition du mot "hachure" est la suivante : "trait qui permet de créer des ombres sur un dessin." Le bleu foncé -notamment l'indigo- fait de l'ombre à l'expansion du soi. "Il évoque les ciels nocturnes, l'obscurité et la mer orageuse. Ces images peuvent être des métaphores de l'obscurité intérieure : l'inconscient, le sommeil et la mort. Dans l'art chrétien, Marie -triste et affligée- porte parfois des vêtements de cette couleur. Dans ce cas, elle est là en tant que témoin de destin embrassé par son fils : vivre et mourir dans la douleur. En acceptant le cycle entier de la vie et de la mort, elle devient celle qui intercède pour l'humanité. Par sa conscience et sa compassion, elle tempère l'austérité et l'implacable puissance du féminin obscur."
Mandala 2 : Il est clair que le centre du mandala évoquant le féminin obscur qui fait de l'ombre doit être ôter. Comme un bonbon, on a envie de tirer sur les extrémités de l'emballage pour voir ce qui se cache à l'intérieur. Je propose donc à Bertille, qui se sent d'ailleurs mal à l'aise à la vue de ce centre, de le découper et d'en créer un autre.
Mandala 3 : Ce mandala transformé devient plus lumineux. La couleur de ce bleu est apaisante. Bertille se sent mieux. Pour accueillir ce calme, je l'invite à découper une des formes oranges, symbolisant le bras du personnage stylisé pour le mettre à la même hauteur que l'autre et en symétrie. Il pourrait être intéressant aussi de déplacer les liens pour qu'ils suggèrent un mouvement évolutifs (dans le sens des aiguilles d'une montre) et donner ainsi une nouvelle dynamique au mandala. Bertille prend plaisir à découper et à repositionner les parties de son mandala.